Alphaville - Strange attractor
Attraction céleste
D'abord, je dois vous prévenir : je suis fan de ce groupe. Mais bien plus pour leur évolution musicale, leur créativité et la richesse de leurs compositions, notamment dans les années 90, que pour leurs deux-trois tubes planétaires estampillés "new wave" des années 80.
Car ce groupe, qui a fêté ses 30 ans en 2014 au Divan du Monde à Paris, a eu de multiples facettes tout au long de sa carrière.
Si ce cru 2017 a le bon goût de s'affranchir plus ou moins des rythmiques eurodance (omniprésentes dans le précédent, le décevant Catching rays on giant, 2010), il est toutefois plus à rapprocher des morceaux du coffret Crazyshow (2003) que de l'album Prostitute (1994), ce dernier demeurant leur sommet à mes yeux.
Les membres même du groupe ont changé à de nombreuses reprises. Le chanteur et pilier Marian Gold est resté, mais le groupe a quelque peu perdu de son identité sonore avec le départ de Bernhard Lloyd en 2003.
Hormis les synthés habituels, on remarque tout au long de cet album une nette présence de guitares : celle acoustique du discret David Goodes (notamment dans "Giants", entrée en matière assez cool), celle électrique de Ruszczynski. Depuis "Romeos" jadis, ici sur "Marionettes with halos" et "Nevermore", ses apparitions pour des solos rock saturés sont toujours une (bonne) surprise !
Quasiment une figure imposée depuis le hit "Forever young", le slow lyrique est encore une fois présent avec "Around the universe", qu'épouse parfaitement la voix majestueuse de Marian. Hum... un peu trop sirupeux pour moi. Je préfère quand c'est plus punchy ou plus inventif.
Ainsi de "Rendezvoyeur", avec son claquement de doigts et sa fin en baston – même si l'accolement des deux mots français 'rendez-vous' et 'voyeur' nous apparaît probablement moins délicieusement exotique qu'à Marian. Au passage, notons qu'il signe tous les textes. Quand on connaît un peu le personnage, on sait qu'ils seront imaginatifs, oniriques, enflammés, tortueux parfois, mais simplets jamais.
Ainsi de "Nevermore", son gimmick en intro, son empilement de sons et de boucles à la Garbage, son texte hanté, son refrain scandé qui me rappelle "Gravitation breakdown". Énorme.
En termes de refrain scandé justement, "Heartbreak City" se pose un peu là, après un couplet surprenant (tout en voix de tête), et avant un court break de basse. C'est du bon Alphaville qui vous reste en tête. Finalement assez représentatif de l'album, ce single est un fin dosage de renouveau et de continuité.
Je laisserai tomber des titres moyens, ou moins intéressants, ou déjà entendus, ou juste qui ne me touchent pas, comme "House of ghosts", "Fever!" et "Sexyland". Mais peut-être vous toucheront-ils, vous ?
La pochette, nocturne, est somptueuse. J'ignore qui a eu l'idée de cette étoile à 5 branches-là, mais elle est lumineuse ! À noter que les visages mis en avant sont ceux de l'équipe présente sur scène (actuellement). Pensée inévitable pour Martin Lister, qui fut au cœur du projet (il a co-composé la moitié des titres) jusqu'à son décès, après avoir incarné les claviers d'Alphaville durant une quinzaine d'années.
Revenons au disque. Je ne serais pas complet si je n'évoquais le voyage douteux à "Mafia Island", tout en ambiance avec recours à l'Autotune (pour une fois). Son vocabulaire sophistiqué. Ses chœurs ensorcelants. Et sa petite mélodie aigrelette répétitive sur la fin. Un morceau définitivement à part, étrange et attirant, "strange attractor" à lui tout seul.
Et on terminera nécessairement sur le très floydien, l'indispensable "Beyond the laughing sky" qui m'a complètement bouleversé, submergé. Je suis fan. Mais je vous avais prévenus.
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On a un long album (63 minutes), foisonnant et varié, avec les meilleurs titres plutôt vers la fin (dont le single "Heartbreak City" en avant-dernier wagon !) ce qui est rare. Si vous êtes pressés, prenez le train en marche et démarrez votre écoute à la piste 6 ("Mafia Island").
Les morceaux prennent leur temps, que ce soit celui de la répétition assumée d'un refrain ou de passages instrumentaux aux claviers. À ce titre, "A handful of darkness" prend toute son ampleur et finit par emporter l'adhésion grâce à cette durée. -
Heartbreak City
Beyond the laughing sky
Nevermore -
Sexyland
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La phrase
« I hate to sleep but I love to dream » ("Giants")
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eux
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…Et maintenant, écoutez !
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- open.spotify.com/album/0H3Hwjlm9Zsz8GFOv6W7lP (276 Clics)
- youtu.be/JjB-vA9r8qk (334 Clics)
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TagsPink Floyd | Prostitute | Crazyshow | Catching rays on giant | Marian Gold | années 80 | new wave | Alphaville | synthé | guitare | voix | Garbage
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Créé le11 juillet 2017
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Merci au Factory pour l'accès au billard.