Bror Gunnar Jansson - And the great unknown, Part II
Et le grand inconnu... gagne à être connu
Du blues, du blues, du blues.
Si comme moi, en l'écoutant, vous vous figurez un vieux bluesman américain rabougri avec la tête de Morgan Freeman, ou de Gil Scott-Heron - et même si la voix de George Ezra vous avait déjà fait le coup - oubliez ! Bror Gunnar Jansson est (comme son nom l'indique) un géant suédois de 31 ans qui est tombé dans le blues quand il était petit.
Du blues donc, mais du qui me prend aux tripes. Avec sa voix remarquable, rugueuse, râpeuse (qu'est-ce que c'est bon), ce monsieur rafraîchit un genre qui en avait bien besoin.
Une trompette qui sonne la retraite ("Edward Young took his gun"), un saxophone qui s'étrangle ("He had a knife in his hand, Part II"). À lui seul ou presque, il égrène ses arguments (jouant guitares électrique et acoustique, batterie et percussion, sax ténor, basse) et évite la monotonie du blues, tout en conservant sa mélancolie. Fortiche.
On part sur les routes vers les grands espaces et c'est bien cool avec le balancé de "I ain't going down that road no more", puis avec les chœurs gospel de "O' death".
Seul le titre "While I fight the tears" pourrait paraître hors sujet, tant son style aérien diffère de l'ensemble, et me fait penser à Robert Plant, voire à Tom McRae. Mais il faut plutôt y voir une respiration.
Je vous recommande également son 1er album, sans nom, très roots (beaucoup de slide) et son 2e, Moan snake moan, plutôt lourd (à une ballade près). En revanche je fais l'impasse sur And the great unknown, Part I, qui est plus un grand EP qu'un album, et dont aucun titre ne me marque.
Côté paroles, l'Amérique est bien présente, une main sur la bible l'autre sur le flingue. Le prêcheur nous raconte sa rencontre avec le démon. La mort est au rendez-vous. Le décor est planté. Parfait pour accompagner la lecture d'un bon polar.
En témoigne la description des personnages qu'il s'est inventé et qui inspirent ses chansons, aux traits plus noirs les uns que les autres. Je parie que la galerie va s'agrandir dans les prochaines années.
Du blues, du blues, toujours du blues.
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Le seul défaut de cet album est d'avoir placé "While I fight the tears" juste après "The preacher". 2 titres lents et longs (respectivement 6:01 et 9:50) d'affilée, ça fait trop. Et ça peut laisser à l'auditeur une impression (fausse) de grande mollesse pour tout l'album.
Dommage, parce que les titres plus rapides (et courts !) contrastent et relancent bien la machine. Le jerk "Moan snake moan, Part III - The bear-snake" ferait se trémousser une râpe à bois. Le rythmique "Lonesome shack" (en hommage au groupe du même nom) couvre en filigrane comme un air de samba !! Et le lancinant "He had a knife in his hand, Part II" enfonce son clou (ou plante son couteau). -
I ain't going down that road no more
The lonesome shack
Moan snake moan, Part III "The bear-snake" -
Outro
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La phrase
« I had a gun in my back pocket and a bible in one hand » ("Edward Young took his gun")
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lui
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…Et maintenant, écoutez !
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Créé le20 janvier 2018
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