Marie-Flore - Je sais pas si ça va
Ça va, ça vient
Elle ne sait pas si ça va... mais elle sait qu'il est tard ! « Je sais qu'on ne sait jamais », disait Gabin. Moi je sais que cet album est très bon et qu'il me chavire.
Avec un plaisir non feint, je retrouve tout ce qui m'avait plu dans son album précédent : cette voix et son air de ne pas y toucher qui me font des gratouillis dans le ventre, cette fausse désinvolture qui cache trop mal une sensibilité énorme, cette recherche jusqu'au-boutiste de la rime – avec le retour des rimes en -ar ! ("Je sais qu'il est tard", "Si jamais") –, ces mots qui « ont quelques kilos en trop », un titre de 3 lettres ("TDC"), des textes bourrés d'expressions toutes faites et qui en font le sel – on lui pardonnera le recours à l'abominable « je dis ça je dis rien » ("Je me connais").
Avec la même équipe à la réalisation, cet album est donc la continuité de son prédécesseur, mais n'en fait pas une redite pour autant, ce sont bien des nouvelles chansons.
Alors bien sûr on n'a plus l'effet de surprise, mais on n'a pas non plus à perdre du temps à se demander si on aime ou non. Quand on a aimé Braquage, on plonge dans celui-ci très vite, tout de suite, avec délice.
L'auteure-compositrice-interprète se balade sur la thématique amour-nouveau ("Mieux en mieux") ou amour-passé ("Après vous"), parfois avec un esprit revanchard ("Mon cœur y va bien"). Sentiment, ressentiment. Belote, rebelote.
Comme toujours avec la pop, on écoute distraitement, se laissant porter par la musique, repérant des sons innovants (intro de "TDC", "Bientôt") ou captant à peine des bribes de texte de-ci de-là, quand soudain... Attends mais qu'est-ce qu'elle vient de dire là ? Alors on réécoute. Et rapidement on s'aperçoit que c'est comme ça sur tout le disque en fait !
Un mot sur "Ça m'arrangerait" : typiquement le genre de chansons auxquelles on ne fait pas gaffe tout de suite, reléguée qu'elle est en fin d'album (sans en être la conclusion non plus). Et puis et puis... elle est formidable elle aussi, super bien chantée, jouant des graves et des aigus, et questionnant l'indécidable statut des ex – comme Jean-Jacques Goldman dans "Quand tu danses". Et ça tombe bien, car elle a l'intention de nous faire danser.
À ce titre, "20 ans" a été voulue comme un rappel musical de ses 20 ans à elle, avec les affreux rythmes et sons eurodance des années 2000, en tout cas sur les refrains. C'est assumé et, en l'occurrence, particulièrement réussi ! Mais par pitié, que cela ne donne pas à d'autres l'idée d'un revival des années 2000 ! Comme fléaux on a déjà le réchauffement climatique, le Covid, la guerre en Ukraine et la réélection de Macron, alors pas la peine d'en rajouter merci.
Alors maintenant, quand on vous demandera si ça va, vous répondrez "je sais pas". Code entre admirateurs et trices de Marie-Flore.
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Qui dit pop dit court, généralement. Sans s'attarder, les chansons se rangent toutes entre 2:30 et 3:42, point.
Sauf une. "Je me connais" culmine à 4:19. C'est aussi la plus bavarde du disque. Celle où elle se livre le plus. Et l'on se dit que ça ne doit pas vraiment être simple avec elle. « Souvent je préfère l'été quand c'est l'hiver et l'hiver quand c'est l'été. » Jamais contente. Une chieuse si ça se trouve. Mais une chieuse qu'on adore.
Et pour finir, une curiosité. Prenez la partie de piano de "Je sais qu'il est tard", ralentissez-la (-17%) et vous obtenez... Sapristi ! "Un homme heureux" de William Sheller ! Étonnant, non ? -
Je sais qu'il est tard
20 ans
Je me connais -
Mieux en mieux
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La phrase
« T'attends pas à l'annulaire mais à l'index » ("Si jamais")
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ellewww.marie-flore.com (66 Clics)
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…Et maintenant, écoutez !
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Créé le21 août 2022
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