/A\
Ambitieux avec un grand /A\
Dérouté.
Moi qui avais tellement aimé le 2e album d'Emilie Zoé, c'est peu de dire que j'attendais impatiemment la suite.
Qui vint rapidement, sous la forme d'un album-concept semi BO, et duo d'Emilie et de son producteur. Hélas le tir aux Pigeons rata sa cible, à l'exception du réussi "The painter".
Une bonne année plus tard, elle enregistre non seulement le retour de son génial batteur Nicolas Pittet, mais également l'arrivée de Franz Treichler, le fondateur des Young Gods, groupe phare du rock helvète underground, si vous me permettez ce jeu de mots. Le trio ainsi constitué, à l'initiative d'un festival (annulé), se baptise /A\ et il a de quoi nous mettre l'eau /A\ la bouche !
Pourtant, il est difficile de rentrer dans cet album, au style expérimental somme toute assez éloigné de ce que faisait Émilie sous son propre nom. Pour y parvenir, un seul impératif : s'affranchir de ce à quoi on pouvait s'attendre, y aller avec une oreille neuve.
Le ton est donné dès "Hotel Stellar", le 1er morceau : floydien à mort – et en particulier à l'entrée de la voix de Franz, trafiquée (4:18). Et il le restera jusqu'au dernier morceau, le superbe "Our love is growing", presque instrumental (les 4 mots emblématiques du titre étant les seules paroles).
Les guitares électriques à pédales, souvent planantes, sont donc de la partie. Mais aussi la rugosité, avec un côté martial à la The wall ("Fire in my fingers"), rehaussé d'un cortège de samples et de percussions électroniques, ou trip-hop façon Portishead ou Archive lorsque les 2 voix s'entremêlent ("We travel the light").
Choisi comme single et lancé en éclaireur, "Grain sand and mud" fait figure de pop abordable... comparé au reste de l'album (alors qu'il n'en est rien bien entendu).
Seule chanson à l'écriture presque folk, "Count to ten" est le seul titre arpégé nous faisant sortir de l'étouffoir. On y retrouve la sensibilité d'Emilie, et il pourrait figurer sur un album à elle, si ce n'étaient ces effets qui viennent l'étoffer, sans l'étouffer.
Côté paroles, entre écriture automatique et poésie guerrière, les feuilles tombent ("The leaves") ; l'automne est naturellement la saison qui sied à ce disque en forme de sortie de route. Dé-routé, littéralement.
-
De la longueur évidemment. Mais seulement 7 morceaux en tout. C'est-à-dire qu'on se retrouve un peu sur le même schéma que Catching bad temper, de leurs talentueux compatriotes de Puts Marie. Le style n'est pas tout à fait le même bien sûr, mais on reste dans le rock. Les Suisses osent ce que les Français, prisonniers des formats et du web-marketing, ne tentent même plus. Gloire à ces héros indépendants des temps modernes ! La question est : Quelle place y a-t-il pour ce genre de musique aujourd'hui ?
-
Our love is growing
Grain sand and mud
Hotel Stellar -
Fire in my fingers
-
-
La phrase
« Where will we be, with no cities no streets, where only the flood bleeds » ("We travel the light")
-
euxemiliezoe.com (38 Clics)
-
…Et maintenant, écoutez !
- hummusrecords.bandcamp.com/album/a (47 Clics)
- www.deezer.com/fr/album/232961872 (40 Clics)
- open.spotify.com/album/6ij50uSAD6bh9GNv4KhGvY (49 Clics)
- www.youtube.com/watch?v=5B-L6yLaf6Y (39 Clics)
-
Tags
-
Créé le16 août 2021
-