Puts Marie - Catching bad temper

Je vais tuer le suspense tout de suite. On n'atteint pas ici le niveau stratosphérique de l'album précédent. Pour un tas de raisons que je vais m'employer à vous détailler. Cependant, il vaut quand même largement le coup de s'y intéresser. Pour un tas de raisons que je vais m'employer à vous détailler.

Dès le début, Max Usata, le chanteur, rappe plus qu'il ne chante. Je n'aime guère son (mauvais) penchant pour ce hip-hop nouvelle génération, encore qu'il ne me soit pas aussi désagréable que la majorité des purs rappeurs. Mais son accent suisse m'empêche de capter ce qu'il raconte. Et je n'ai toujours pas trouvé les paroles sur le web. Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Heureusement, il sait se rattraper à l'occasion (généralement sur les refrains). Mais il ne semble plus question de refaire les aigus vaporeux qui figuraient sur Masoch I-II.
On ne retrouve pas non plus de titre immédiat, comme avaient pu l'être pour moi "All yours am I" (mon point d'entrée) puis "A quantum of sun". Cet album est moins abordable, il a une tête de taulard et un sale caractère ("bad temper"). Et les singles qui l'ont précédé, "Catalan heat" et "C'mon", m'avaient fait craindre le pire. En fait on s'y fait. On s'y fait très bien même, y compris aux 2 singles en question. Parce qu'il y a toujours un petit truc qui m'y attire, qui me fait plonger dedans pour écouter le tout : un riff, parfois doublé par le chant, ou le contraire ("Catalan heat", "Garibaldi", "Love boat"), des sons de guitares métalliques, sales, clairs ou bouchonnés qui s'entrecroisent ("The waiter"), une basse qui bastonne à la Red Hot (même si je n'aime pas les Red Hot) ("Catalan heat" encore, à partir de 2:14), un air répétérépétérépété ("Rhapsody"), une trompette synthétique étranglée en reverb ("C'mon"), un arpège d'une coolitude absolue ("Indian girl"). Je n'arrive jamais à me remémorer cet arpège, pourtant présent tout le long de la chanson. Mon traître cerveau lui substitue "Nishe", un vieil instrumental de Muse. (Mais je me jure d'y parvenir un jour !) Et partout cette batterie au jeu soigné, précis et varié, qui fait bien plus que supporter l'édifice.

Quand on veut représenter un groupe, on sort souvent la figure de son chanteur-leader. Max Usata, qui remplit ce rôle, est un drôle d'oiseau et il est suffisamment charismatique. Il a tout mon respect. Pourtant, plus j'écoute la musique de Puts Marie et plus je crois que, si je devais me trouver un héros dans le groupe, je m'orienterais plus volontiers vers le batteur Nick Porsche, pour cette omniprésence déjà relevée, ou vers le guitariste Sirup Gagavil, pour l'apport rock. C'est un choix personnel. Confirmé en creux par l'écoute de Mister Milano, le projet parallèle en italien de Max avec Igor Stepniewski (le bassiste de Puts Marie) et Lou Caramella (un batteur doué et amusant), pour un résultat moins à mon goût.

En parlant de Milan, on trouve un zeste d'Italie dans Catching bad temper aussi, bien qu'entièrement dans la langue de Robert Smith, avec l'épique "Garibaldi". Ah, cette guitare saturée vrombissante, surtout sur la 2de moitié, à partir de 4:07, suivie d'une autre guitare distordue, que viennent ensuite appuyer des nappes de Farfisa (orgue italien, comme par hasard), avant qu'une myriade de cymbales (mais combien sont-elles ?) ne signent l'envol final dans un bourdonnement assourdissant – mais tellement bon, si l'on entre dans la transe.

Pour entrer encore plus dedans, il faudrait maintenant que j'aille les voir en concert. Pour un tas de raisons que je pense vous avoir déjà bien détaillées non ?