Puts Marie - Masoch I-II
C'est bon où ça fait mal
Et si c'était la musique que j'attendais au fond de moi, sans le savoir, depuis peut-être 10 ans ?
Faites le test vous-même... Alors ? Vous avez la gorge sèche ? L'impression d'être parfois en apnée ? Parfaitement normal ! Et essayez d'écouter quand vous manquez de sommeil : je vous garantis que vous ne toucherez plus terre !
J'ai vraiment du mal à ne pas tout aimer dans cet album. D'entrée, le lunaire "A quantum of sun" met les pendules (suisses) à l'heure. On est déjà très haut, mais ensuite chaque titre s'emploie à nous emmener plus haut encore. Et le niveau est carrément stratosphérique avec "Brush air". Certaines âmes sensibles parmi vous auront sûrement lâché l'affaire, depuis longtemps au tapis. Tant pis. Retournez à vos habituels artistes toujours du même métal, ou de la même variété, ou du même rap, etc. Ceux-là ne vous feront pas de mal. Pas de bien non plus. Mais laissez-nous le rock ! Laissez-nous ce rock-là !
Car, si les membres de Puts Marie se disent plutôt fans de hip-hop, de classique ou de jazz, c'est bien un son rock qui émane de la synthèse de leurs influences dès lors qu'ils empoignent leurs instruments. Un rock plaintif et déchirant, poignant, avec de l'intensité et du contraste partout tout le temps.
S'appuyant sur de fréquents recours aux rythmes ternaires ("Horse gone far", "All yours am I", "A quantum of sun") et aux modes mineurs quasi exclusivement. Si vous comptiez vous marrer, passez votre chemin.
Il y a de la démesure et des envolées sur fond d'arpèges au piano ("Obituaries") comme les débuts de Muse - avant que ceux-ci ne chopent la folie des grandeurs, taille stades de foot.
La voix chuintante de Max Usata ne fournit peut-être pas le chant le plus harmonieux que vous ayez jamais entendu, et pourtant... qu'est-ce qu'elle colle bien à cette musique-là, capable des modulations qu'il faut aux endroits précis où il les faut. C'est là toute son intelligence. On peut entendre dans son grain un peu de Ben Harper parfois ("Lost soul"). Ou un refrain folk guttural qui fait penser aux Pogues ("The bathhouse").
Ça devient bourrin sur le nirvanesque "Sugar run" et sur le premier tiers de "Mob kisses" (les 2 autres tiers étant planants à souhait).
De la pochette presque sobre, à un fer à repasser près (dans la main du bassiste Igor Stepniewski), vous vous demanderez peut-être ce que signifient les signes cabalistiques tracés au crayon en bas ? J'ai trouvé. Mettez-vous devant un miroir, et vous lirez ПУТС МАРИ, autrement dit... PUTS MARIE en cyrillique !
Cet album titré 'masochiste' (en abrégé) porte donc bien son nom : c'est en appuyant là où ça nous fait mal qu'il nous fait tellement de bien.
...Et si c'était la musique que vous attendiez depuis 10 ans ?
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"Brush air" prend 4 minutes de voix de tête (plus haut, plus haut encore...) avant de lâcher les chevaux en gueulant !
À l'inverse, la petite bluette "Tell her to come on home", moins de 3 minutes, légère et abordable (du moins en apparence), est un peu à notre combo suisse ce qu'est "Le vent nous portera" à Noir Désir.
Cet album de 49 minutes est en réalité la réunion de 2 EPs de 6 pistes chacun : Masoch et Masoch II.
2 ans séparent les 2 sorties. 2 ans d'expériences personnelles (enregistrements en solo pour le batteur Nick Porsche, emménagement à New York pour Max...) 2 ans de voyages qui ont enrichi le groupe ("Hecho en Mexico", efficacement tambouriné par Nick). Vivement la suite (qui ne sera pas un Masoch III). -
A quantum of sun
Lost soul
Brush air -
Pornstar
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La phrase
« I wish I could be tender all again » ("Lost soul")
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eux
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…Et maintenant, écoutez !
- www.deezer.com/fr/album/11109912 (244 Clics)
- putsmarie.bandcamp.com/album/masoch (216 Clics)
- putsmarie.bandcamp.com/album/masoch-ii (224 Clics)
- open.spotify.com/album/1ZumbjkSG7BG0hbzwuzuB0 (217 Clics)
- www.youtube.com/watch?v=BZQTjkcNOvQ&list=OLAK5uy_l8-w9xbie4RtIEgnU0Krr9FI788jrk3Qw (153 Clics)
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Créé le1 septembre 2017
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