Interview de Puts Marie
Projets musicaux et dynamique de groupe
– Quand et comment est né Puts Marie ?
Sirup Gagavil (guitariste) – Quand ? Mille neuf cent nonante-neuf.
Max Usata (chanteur) – Quatre-vingt-dix-neuf, on dit.
Sirup – Quatre-vingt-dix-neuf. Donc voilà ça fait 20 ans.
– Et comment vous êtes-vous rencontrés ?
Sirup – J'ai rencontré en 1er Nick, le batteur, qui m'a demandé de faire des jams. Et il avait un pote, Igor, qui joue la basse. Au début on était à 3. Et il y avait encore un autre membre, qui ne fait plus partie du groupe depuis très longtemps, Philippe, qui est parti, disons... on l'a fait partir. On était juste un trio instrumental.
– Qui s'appelait Puts Marie, déjà ?
Sirup – Oui, pareil. Et après, quelques années plus tard, on a commencé avec Max à la voix. Et encore quelques années plus tard, on a commencé à faire des trucs avec Beni aux claviers. C'est resté jusqu'à maintenant. Et le batteur Nick est parti après 20 ans.
– Nick Porsche est parti ? Depuis quand ?
Sirup – Ça vient de se faire, il a pris sa décision.
– Et donc, qui le remplace ?
Sirup – Pour l'instant, on est en train de bricoler avec 2 personnes.
– Où peut-on trouver les paroles de vos chansons ?
Max – Ça ne se trouve pas. Mais je peux peut-être, quand les gens les demandent... Il y a un kit de presse.
– De quoi parlent-elles ?
Max – Elles parlent du monde...
– Qui est l'auteur des textes ?
Max – Moi. Au début, les autres écrivaient un peu. Mais ces dernières années c'est moi.
– En avril vous avez sorti en mp3 deux nouveaux titres ("Kiss them goodnight" et "A boy called monkey") que j'aime beaucoup, surtout le 2e. Est-ce que ce sont des restes de votre album Catching bad temper sorti à l'automne dernier, ou une anticipation d'un album à venir ?
Max – C'est les 2. "A boy called monkey" on l'avait enregistrée dans la même session que...
Sirup – La version a été enregistrée dans les enregistrements de Catching bad temper. On ne l'a pas mise dans le disque pour raison de temps (le vinyle, on est un peu limité) et aussi peut-être des histoires de concept.
Max – Et "A boy called monkey" on l'a enregistrée plus tard [là je pense qu'il voulait dire "Kiss them goodnight" en réalité (N.d.R.)]
– Vous les jouez en concert ?
Max – Oui.
– Une question pour Sirup. Pour moi, ton jeu de guitare dans Puts Marie est surtout fait de grands coups d'accords rageurs parfois noisy ("Garibaldi"), et d'envolées de notes mélodiques en contre-chants souvent aigus. Tu te considères comme un guitariste soliste ou rythmique ?
Sirup – J'ai toujours eu de la peine avec ces 2 définitions. Souvent dans les groupes, surtout quand ils ont 2 guitaristes, y a un guitariste qui est considéré comme le guitariste rythmique et un autre c'est le soliste. Pour moi ce n'est pas un truc autant clair. Je me considère les 2 en fait, parce qu'y a des moments dans la musique faut être rythmique, faut laisser la place à la voix ou aux synthés qui font un truc lead, et à un autre moment tu peux prendre la place et devenir un soliste. Un bon guitariste doit pouvoir faire les 2.
– Tu crées rarement des riffs ? Je pense seulement à "Sugar run", mais je n'en vois pas d'autre.
Sirup – Dans le groupe, musicalement, on se pose tellement de questions, souvent un riff de guitare ça peut paraître assez banal. Souvent les idées banales sont mises de côté, pas que par moi, mais aussi par la dynamique du groupe. C'est peut-être pour ça qu'il n'y a pas trop de riffs de guitare.
– Quel est le plus gros concert que vous ayez fait ?
Max – Avec le plus de monde ? Les Vieilles Charrues, en 2015.
– Combien de personnes ?
Max – 100 000. (rires)
Sirup – Non mais c'est le plus grand festival de France, non ? Je crois que oui.
– Que faites-vous l'un et l'autre quand vous n'êtes pas avec Puts Marie ? Dites-moi un mot sur vos projets parallèles.
Sirup – J'ai 2 projets musicaux. Non 3. Des fois je joue en solo des musiques improvisées, sous mon nom. Et après j'ai un duo avec un chanteur-guitariste qui fait des toutes petites musiques toutes calmes. Là on vient de sortir un disque, ça s'appelle Sirup Gagavil & Hari Köchli. Et après j'ai un autre duo avec une chanteuse de Zürick, Sarah Palin.
– Ça me dit quelque chose, ce nom...
Sirup – Ouais, c'est la politicienne également. Avec elle c'est plutôt des trucs assez pop, pop-rock. Après je suis ingé-son aussi, je travaille dans un petit club à Bienne. Et j'ai un petit studio d'enregistrement.
– Et toi Max ?
Max – J'ai aussi deux-trois projets musicaux : Mister Milano, Meta Marie Louise c'est un projet d'impro avec un batteur et un pianiste tendance jazz, noise.
Sirup – Eux ils sont plutôt dans le new jazz expérimental.
– C'est très varié tout ça.
Max – Sinon, j'ai fait un truc en Italie avec un musicien qui s'appelle Toni Cutrone, le projet s'appelle Mai Mai Mai. Ça aussi je voudrais en faire un peu plus, quelques concerts, mais jusqu'à maintenant je n'ai pas trouvé le temps. C'est electro-noise. Il fait du live avec des cassettes, il mixe. Sinon, je travaille comme comédien : je suis clown. (rires)
– Et avec toutes ces activités, vous arrivez à maintenir quand même Puts Marie en groupe constant, homogène et soudé ?
Sirup – C'est clair que c'est le point difficile. Il y a quelques projets que tu peux prendre un peu à la légère parce qu'il n'y a pas grand-chose qui se passe, tu fais quelques dates dans l'année, du coup ça ne prend pas beaucoup de temps, mais tu le fais parce que tu as plaisir à le faire. Mais il faut toujours savoir : qu'est-ce qui est vraiment important ? À quel projet je vais donner le plus de place ? Puts Marie c'est aussi le truc qui existe depuis plus longtemps, ça a pris une ampleur un peu plus grande que d'autres choses.
– Et puis ça fonctionne, ça commence à marcher un petit peu, ça décolle.
Sirup – Ouais ouais, on ne peut pas se plaindre, on peut jouer beaucoup de dates, ça permet de voyager. On est allé en Afrique du Sud, à la Réunion...
– Je me demandais pourquoi, sur Masoch I-II, il y avait écrit Puts Marie en cyrillique (ПУТС МАРИ) et en miroir ?
Sirup – Le artwork est une collaboration entre Beni et un autre artiste, Andreas Becke, qui vient d'Allemagne de l'Est. Du coup ils ont appris le russe à l'école. Je crois que ça vient de là.
– Je vous propose de regarder la liste des albums chroniqués sur japprecie. Quels sont ceux que vous connaissez ? Quels sont ceux que vous appréciez ?
Max – On n'écoute que de la musique morte.
Sirup – I am Stramgram. Je ne connais pas sa musique, j'ai vu ça sur une affiche quelque part.
Max – Clara Luciani elle a joué aussi au...
Sirup – Au Check-In [Check-In Party, festival qui a eu lieu à Guéret fin août (N.d.R.)]
Max – Oui. Franz Ferdinand tu connais non ?
Sirup – Ouais, ça je connais. J'ai bien aimé les premiers disques.
– J'aime bien le dernier.
Sirup – J'ai plus trop suivi après.
– Y a une tendance presque disco, c'est étonnant. Ça reste du rock.
Max – Stereophonics ça me dit aussi quelque chose, de nom.
– Avez-vous d'autres artistes à suggérer aux japprecinautes ?
Sirup – Une artiste émergente que je trouve vraiment très très bien, c'est Émilie Zoé. Ça tourne aussi en France maintenant. C'est un duo, des fois elle joue en solo aussi.
Max – C'est qui celui qui joue avec elle ?
Sirup – Je ne sais pas comment s'appelle son batteur. Ça fout la chair de poule.
– C'est quel style ?
Sirup – Eh c'est une rockeuse au fond, c'est le gros son guitare, avec un batteur, les deux chantent.
– Elle est française ?
Sirup – Non elle est suisse. Suisse romande. Elle chante en anglais.
– Vous la connaissez personnellement ?
Sirup – Oui, aussi, un petit peu. Pas très bien, mais on s'est croisé, on a déjà eu des dates communes.
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– Comment gérez-vous le temps, la durée, dans vos chansons ? Parce qu'il y a des plages qui sont très longues, d'autres moins.
Sirup – C'est rigolo, je crois que c'est un sujet qui nous intéresse beaucoup, cette idée de ne pas se fixer sur une durée. Des fois c'est bien aussi d'arranger et de se dire ça dure 'tant'. Mais y a aussi beaucoup de peinturage musical qui est à chaque fois un peu différent, et du coup ça ne prend pas à chaque fois la même longueur. Quand c'est bien ça peut durer plus longtemps, quand c'est moins bien il faut peut-être passer à autre chose.
– Et dans vos concerts, vous avez tendance à allonger ?
Sirup – On essaie de faire ça en concert spécialement. Sur les disques des fois c'est un peu difficile.
Max – Mais on l'a aussi fait sur le disque.
Sirup – Oui oui. Mais quand même, quand tu travailles pour un disque, tu penses toujours qu'un vinyle c'est 2 fois 20 minutes. Y a des contraintes. Des fois aussi en concert quand t'es limité, mais on essaie de se prendre le plus de temps possible pour jouer les live, même si y a pas le temps, on se dit on s'en fout, on se prend le temps quand même. Du coup peut-être qu'on ne joue que 2 morceaux et demi. On préfère ça que de se stresser et de vouloir jouer absolument nos 5 titres. -
• manger bien
• écouter de la bonne musique sur des vinyles
• rencontrer des gens, voyager -
la télévision
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La phrase
« Souvent un riff de guitare ça peut paraître assez banal. »
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eux
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…Et maintenant, écoutez !
- putsmarie.bandcamp.com (333 Visites)
- www.deezer.com/fr/artist/868984 (524 Visites)
- open.spotify.com/artist/14h4AzYpNeMJh7HhHDx6gV (344 Visites)
- www.youtube.com/channel/UCvX7RwA7dIyeo3A3zeb73Wg (212 Visites)
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Créé le23 septembre 2019
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Propos recueillis le 24 août 2019.
Merci à Max et Sirup, à Vincent (Yotanka) et à la Sardine.