Stereophonics - Scream above the sounds

Peut-on encore faire du bon rock dans les années 2010 ? La réponse est oui.
Il suffit de s'avaler le dernier album de Stereophonics pour s'en convaincre.

J'hésitais à vous présenter ces Gallois, tellement ils sont connus outre-Manche, voire outre-Atlantique. Multi-nominé aux BRIT Awards, le groupe fête ses 25 ans d'existence, avec 10 albums studio en 20 ans, et des premières parties de pointures plus grosses les unes que les autres (U2, Lenny Kravitz, David Bowie, Rolling Stones). Étonnamment, ce n'est pourtant pas un nom qui vient spontanément au grand public français. Les plus avisés d'entre vous se rappellent peut-être un duo en 1999 entre Kelly Jones, le chanteur, et Dolly, l'un de nos fleurons du rock hexagonal d'alors – dont subsiste aujourd'hui en solo la chanteuse Manu.
Mais voyons ce que nous apporte ce nouvel opus à tête de loup.

Du rock donc, comme ils savent bien faire. Électrique, s'appuyant bien évidemment sur la trinité basse-guitare-batterie. Du rock classique ("Cryin' in your beer") et énergique ("Taken a tumble"), à faire pâlir Bryan Adams. Je me remémore aussi Manic Street Preachers, l'autre grand groupe de rock gallois qui vaut le détour.

Les arrangements sont bien de notre époque : voix parfois traffiquée (au vocoder ?), petites touches de piano, chœurs et gros son (à l'américaine).

"Chances are" : le chant est linéaire sur 2 accords (hormis les breaks), mais écoutez bien tout ce qui se passe derrière (la rythmique, les riffs de guitare électrique, l'accumulation progressive, les nappes de synthé, le mini solo, les claps...), c'est fabuleux et surpuissant !
Est-ce qu'on le dit, que "Caught by the wind" ressemble un tout petit peu à "Juste après" de Goldman, hein, est-ce qu'on le dit ?

Si le tempo ralentit, s'ils tentent des choses un peu plus pop ("Would you believe?") ou des ballades ("Before anyone knew our name"), je me dis alors qu'ils ne sont peut-être pas les meilleurs pour ça. Encore que la mélodie puisse parfois rester en tête et sauver la baraque ("All in one night", au phrasé identique à "Indian summer", un ancien single) – quand ce n'est pas la trompette de Gavin Fitzjohn ("What's all the fuss about?")
Mais là où ils sont forts surtout, c'est sur les rythmiques binaires pilonnées ("Geronimo", "Chances are"...)

Les paroles racontent des histoires. Celle du soutien à une fille seule qui va accoucher en pleine nuit ("All in one night"), le souvenir de leur batteur décédé ("Before anyone knew our name"), la nostalgie de l'enfance ("Boy on a bike"). Le titre même de l'album, Cri au-dessus des sons, appelle à s'extraire de tous ces bruits ambiants et de toute cette surinformation.

Au-dessus du lot donc, ces gars-là vont-ils continuer à faire du bon rock dans les annéees 2020 ? La réponse est oui, sans aucun doute.