Franz Ferdinand - Always ascending
Sur le pont de l'ascension, on y danse
Comment rester toujours sur la pente ascendante ? C'est la question qu'ont dû se poser les Franz Ferdinand en abordant ce 5e album, résolument disco-dance, comme le figure assez bien la pochette – tout en restant rock.
Déjà, comment rester toujours en train de monter, sur un morceau ? Même s'il y a meilleur dans l'album, et que l'éponyme "Always ascending" fait un peu figure de "grosse intro", il faut s'attarder sur ce titre. Écoutez-le en vous posant cette question, et vous constaterez avec étonnement que c'est vrai : il monte toujours ! L'illusion auditive créée par le son sifflant en arrière-plan est un procédé synthétique inventé par le psychologue américain Roger Shepard. Fascinant ! L'effet est accru par la structure du morceau en 5 parties A-B-C-D-B-C-D-E, par l'emballement une fois passée la longue intro, ou encore par le rebondissement final avec changement de tonalité (1 ton au-dessus bien sûr). Ce passage avec les chœurs me rappelle Belle and Sebastian, autre groupe de rock écossais à avoir tenté avec bonheur une virée disco-dance (Girls in peacetime want to dance, 2015) et inspiration du bassiste Bob Hardy. Et ce n'est pas le seul endroit du disque où cette ressemblance me frappe.
Dans l'ensemble, les fans du son rock des albums précédents de la bande à Alex Kapranos risquent d'être déçus par ce changement d'orientation. Mais vous qui êtes ouverts d'esprit trouverez là suffisamment de matière pour vous occuper agréablement les oreilles pendant un moment.
Pour ma part, cela faisait longtemps que je n'avais pas chroniqué un vrai bon album remuant.
Les instruments ? Une basse en embuscade qui surgit en renfort juste à point quand le tchacapoum pourrait lasser. Ainsi dans "Lazy boy". D'ailleurs, qui est ce garçon paresseux ? Sûrement pas Paul Thomson, le batteur, qui se démène d'un bout à l'autre du disque, infatigable, avec ses charleys ouvertes-fermées ("Feel the love go"). Des guitares électriques souvent rythmiques qui bouchent les trous du chant, en cocottes (typiques disco) ou en gimmicks répétés. Autres pourvoyeurs de gimmicks, les synthés lumineux de Julian Corrie donneront le tournis aux plus placides d'entre vous ("Glimpse of love").
Au stand des ressemblances (je ne peux pas m'en empêcher), une petite patte Cure - période "Lovecats" - sur "Paper cages" (ou peut-être Peter Gabriel ?)
Pour la diversité de ce qui est offert, y compris l'apport des synthés, je vois du James, la voix en moins.
Et soudain, sans trop savoir pourquoi, mais je ne crois pas que ce soit un hasard, je pense à Chumbawamba, par exemple sur l'iconoclaste "Huck and Jim". Avec un texte qui propose d'aller vanter la sécu britannique dans l'Amérique de Trump, sur un gros refrain lourd qui me rappelle "America" de Rammstein ...tout en faisant référence aux Aventures de Huckleberry Finn de Mark Twain !
Mais revenons à la musique. N'étant pas des habitués des dancefloors, on se dit qu'on ne va pas tenir le rythme et que toute cette agitation va nous pousser à ranger le disque assez vite. Faux ! Car le quintette a eu l'intelligence d'intégrer 2 (très bonnes) ballades, en 5e et en 10e positions. "The academy award" parle de l'apparence et des réseaux dits sociaux, où les gens se mettent en scène et font des films de leur propre vie. Un constat de l'air du temps similaire à ce que me relatait Daran au cours de son interview exclusive pour japprecie.
"Slow don't kill me slow" clôt l'album en nous rappelant que, comme dans toutes les bonnes histoires, le mec meurt à la fin. On ne peut pas rester toujours sur la pente ascendante.
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Les morceaux ne sont pas très longs, à part le premier et le dernier qui dépassent les 5 minutes, mais c'est surtout parce que les parties chantées sont vite envoyées, et sur des tempos rapides. Cependant, allez bien jusqu'au bout de chaque piste, car il s'y passe toujours quelque chose : le martelé de "Lazy boy", l'atterrissage de "Finally", les fausses fins de "Huck and Jim" et de "Feel the love go", ou de longs développements musicaux ("Feel the love go" encore avec son saxo épatant, "Slow don't kill me slow" et ses 2:44 instrumentales).
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Lazy boy
Feel the love go
The academy award -
Glimpse of love
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La phrase
« Choices, you made good choices to change our world, so you could be happy » ("Lois Lane")
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eux
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…Et maintenant, écoutez !
- www.deezer.com/fr/album/49666352 (150 Clics)
- open.spotify.com/album/5mGnBhRKFyZ3hcqNJLl08W (130 Clics)
- www.youtube.com/watch?v=Et9wZVyYra0&list=PLFEoacqYNnbjXV45ImRwM-9_pdO_9uuMg (109 Clics)
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Créé le20 juin 2018
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