Agnes Obel - Myopia
Chez l'aucune liste
On sait depuis Andersen que les sirènes sont danoises. L'une d'entre elles fournit beaucoup d'efforts pour maintenir la tradition. Elle chante et nous enchante depuis 2010 et son tube "Riverside".
Myopia est un album qu'on laisse, puis qu'on reprend. Puis qu'on relaisse. Puis qu'on reprend. Mouvement perpétuel ?
Idem pour cette chronique. J'avais noté deux-trois trucs, à tout hasard. Puis lâché. Dilettante, pour une fois. J'hésitais à la faire. Et j'avais déjà traité Citizen of glass. La Danoise n'était-elle pas déjà assez connue ? ses morceaux ne se suffisaient-ils pas déjà à eux-mêmes, pour qu'il n'y ait nullement besoin d'en rajouter ? Finalement, l'envie de mettre ma loupe sur cette "myopie" a été la plus forte.
Cette artiste à part continue donc à exploiter le traitement numérique des voix (de sa voix), la transformant parfois en voix d'homme, comme elle l'avait déjà fait sur "Familiar", tirant parfois sur la chorale à elle toute seule (final de "Can't be") ! Les paroles sont souvent impossibles à suivre, tellement les pistes vocales s'entremêlent ("Broken sleep") ou se désarticulent, ou partent dans des vocalises (comme l'enivrant refrain de "Promise keeper"). Restent des bribes.
C'est l'éponyme "Myopia" qui donne la clé de l'énigme : on perd peu à peu la vue comme on perd la raison, et l'on se rend en myopie comme on sombre dans la folie, goutte à goutte (« drip drip »). D'autant que le mot 'myopia' est aussi à voir comme une contraction de "my utopia".
Outre les habituels claviers et cordes, on remarquera les percussions tantôt sophistiquées tantôt... inexistantes, ainsi qu'une stéréo ("Camera's rolling") aussi fantastique que la pochette est ratée.
Le lien "Broken sleep" - "Can't be" établit une passerelle étonnante entre 2 moments éloignés de l'album, renforçant une cohérence absolument pas factice.
Sur "Won't you call me", je ne suis pas du voyage. Je reste à quai, de marbre. Pour terminer, c'est un peu dommage. Sauf que... Même une fois l'écoute achevée je peine à m'arracher à cette rêverie qui entretient la folle illusion d'entendre encore résonner quelques notes de piano dans le lointain. Ou peut-être le chant des sirènes...
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Les pistes instrumentales, au nombre de 3, et aux noms étranges de "parlement de hiboux", de plante carnivore ("Drosera") et "Roscian" (intraduisible), sont les plus courtes – et les seules en deça de 3 minutes. À mon avis, ce n'est pas l'absence de paroles, mais l'absence de voix qui empêche un trop long développement musical pour celle qui aurait pu être neurologue, tant les transmissions la passionnent, que ce soit du cerveau vers le corps ou des sons vers l'esprit.
Au fait, si jamais vous n'aimez pas sa voix, il existe des versions instrumentales.
Le single précurseur "Island of doom" est la plus longue, avec ses 5 minutes et demie de rêve éveillé et de plaisir tragique. -
Island of doom
Camera's rolling
Promise keeper -
Won't you call me
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La phrase
« I'm just another fool for the earth to swallow » ("Island of doom")
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elle
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…Et maintenant, écoutez !
- www.deezer.com/fr/album/132006712 (295 Visites)
- open.spotify.com/album/1XFhwj2xUtypgyEqAmTrQV (274 Visites)
- www.youtube.com/watch?v=C2fpFeNZwAg&list=PLZbxxQVmo3LjBZ2ZsUtqnes4qQDSqMpwt (192 Visites)
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Créé le2 septembre 2020
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