Bror Gunnar Jansson - They found my body in a bag

Ils ont trouvé mon corps dans un sac.
Bror Gunnar Jansson abandonne pour un temps les personnages qu'il inventait et qui nourrissaient son écriture jusqu'à son troisième album et demi, pour se laisser inspirer par les faits divers suédois les plus glauques, à la manière d'un auteur de romans policier.
Il avertit que son but n'est pas de faire de ces choses horribles un divertissement mais de voir d'où vient le diable. Cette violence masculine, infligée essentiellement à des femmes, doit cesser, dit-il.

En accord avec ses textes, son blues déjà rugueux devient encore plus dur, s'approchant d'un rock presque métal, non exempt de ballades ou d'instrumentales au crescendo somptueux ("Det stora oväsendet"). Plus classique est le blues lent de "Machine", le morceau d'ouverture, qui ne contient ni l'une ni l'autre (ni machine ni ouverture).
Le jeu de guitare, exclusivement électrique, de l'auteur-compositeur-interprète s'est encore étoffé. Et même le violoncelle d'Emma Augustsson ("Trains and nights") est joué avec une ferveur inhabituelle. Quant à la batterie, elle te mettra des claques si tu cliques sur "There's a killer on the loose". C'est qu'il y a un tueur en liberté. Ça ne rigole pas.

Les paroles sont laconiques (4 phrases seulement pour "Stay out all night long"), c'est la musique qui exprime au plus juste ce que les mots ne peuvent pas dire.

Cet album semble moins abordable que le précédent, peut-être parce qu'il ne contient pas de titre phare. Mais qu'on ne s'y trompe pas : c'est encore un bon album. Il faut juste lui laisser un peu plus de temps.

Ils ont trouvé un corps dans un sac. Moi j'ai trouvé de la lumière dans ce disque noir.