Eiffel - Stupor machine
...Et tout le tremblement
J'avais peur que ce soit l'album par lequel je les perdrais, après les avoir tant aimés, de "Tu vois loin" à "Place de mon cœur", en passant par "Saoul" et – sommet – "À tout moment la rue". Pourquoi ?
Parce qu'il s'est passé 7 ans entre ce Stupor machine et l'album précédent. 7 ans pendant lesquels Romain Humeau, la tête pensante (ou tête chercheuse) du groupe, m'a moins convaincu par ses Mousquetaires solos que par sa mise en musique de Vendredi ou les limbes du Pacifique ou sa collaboration avec Lavilliers.
Parce que nombre d'artistes, sur lesquels je comptais, m'ont déçu ces dernières années (ou alors je deviens plus exigeant ?)
Et surtout parce que j'étais mitigé à la première écoute de ce patchwork. J'y sentais de bons titres comme les 'singles' "Cascade" et "Chasse spleen" mais ça part aussi souvent dans du grand n'importe quoi, que ce soit dans la musique ou dans des textes kamoulox ! (« J'mange des clowns blancs dans la grisaille »)
Après quelques réécoutes, déjà mieux. Disons qu'il y a les morceaux qui me plaisent (peut-être la moitié) et les autres, que je pourrais laisser franchement tomber. Le texte de "Oui" – suite de "À tout moment la rue" (musicalement aussi) – est absolument gigantexte !
Romain se mue en crooner occasionnel, descendant dans les lignes graves ("Gravelines" donc, mais aussi "N'aie rien à craindre" ou "Terminus")
En revanche faut vraiment qu'il arrête l'anglais, ça ne lui va pas du tout.
Que dire des textes ? Si vous avez l'impression de ne rien comprendre, bonne nouvelle : vous êtes tout à fait normal. Il faudrait être un savant plongé dans le cerveau foutraque de Romain pour tout capter. Vous n'avez plus qu'à faire comme moi : accrochez-vous, lisez les paroles à froid, sentez les choses, piochez quelques bribes et faites ne serait-ce que deux-trois recherches. Vous entreverrez alors une richesse textuelle démente. Références, trouvailles, calembours, mots-valises...
Exemples : « une effraction de seconde », « quelles noces feras-tu ? », « le câlin des nuits s'échine », « toutes leurs tripes dans le bad ».
Je ne vais pas toutes vous les citer, je vous laisse le plaisir d'en trouver d'autres.
Les thèmes ? politique, environnement, société, Internet, religion, amour, sexe...
Quant aux musiques, l'envie enfouie de pogoter se radine fissa ("Pécheur pécheur", "Big data", "Manchurian candidate", "Miragine"). Le gros son et les guitares saturées en cascade font le taf, et le font bien. Bref, les Bordelais viennent juste d'écrire un nouveau chapitre de l'histoire du rock français. Au final, tout va bien avec cet album je ne les ai pas perdus.
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C'est surtout fourmillant.
Ô la belle longueur de "Terminus" (5:17), qui prend tout son sens avec son final somptueux (et l'apparition des chœurs tous azimuts), ou comment se sentir vivant. Incontestablement vivant ! -
Chasse spleen
Oui
Terminus -
Manchurian candidate
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La phrase
« La bonne vieille goutte de sueur perlant au front républicain » ("Oui")
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eux
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…Et maintenant, écoutez !
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Créé le5 août 2019
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