Lord Kesseli - Tell me when you're empty
Le vers à moitié empty
Ce n'est pas vraiment un nouvel album. Pas vraiment une compilation, pas vraiment un live, pas vraiment un unplugged. C'est beaucoup plus que tout ça !
Le principe ? Une pièce. Une voix. Un piano à queue. Pas de public, Covid oblige, mais une diffusion en direct sur Radio Stadtfilter à Winterthur. Quelques bâtons d'encens. Et c'est tout.
C'est tout ? Non ! Car il y a les chansons de « Lord Kesseli » – amputation opportune de sa formulation complète « Lord Kesseli and the Drums ».
5 chansons anciennes sur 8. Le filtre piano-voix donne à sa musique pop ("Popsong") un nouvel éclairage (ou une nouvelle obscurité !) : l'intimité de la voix, le contraste saisissant entre piano effleuré et piano martelé, dont chaque note vous cueille ("Meteors hitting the earth"). La transformation fonctionne parfaitement, jouant exactement sur les mêmes ressorts que ceux qui avaient fait le succès de Sheller en solitaire. Et me fait re-aimer le piano.
Majestueux, sensible, profond, le résultat est une pièce classique, un recueillement, une communion. Pourtant, ses paroles ne sont pas très catholiques ("MDMA").
Ici, je dois ouvrir une parenthèse. À cause de ce morceau répétitif, fascinant, mais ouvertement orienté drogue, j'ai failli renoncer à publier cette chronique. Puis je me suis dit qu'il y avait déjà des drogués dans ma CDthèque, parfois à mon insu. En la matière, ma conviction profonde est la suivante. Un artiste qui a absolument besoin de drogue pour créer, qui est incapable de produire quoi que ce soit sans être dans un état second artificiel... n'est pas un véritable artiste. Je veux tambouriner cette doctrine, et je veux croire que ce n'est pas le cas de notre barbu. Fin de la parenthèse.
Car Dominik Kesseli, qui a choisi "Lord" – parce ça sonne mieux que "Princess", dit-il – c'est aussi un look d'ecclésiastique austère, ajusté à un univers singulier. Et une belle voix, un peu chuintante comme celle de Max Usata (Puts Marie).
"Tell me when you're empty", le morceau-titre, inédit celui-ci, possède une construction curieuse : alors qu'il attaque par le refrain, le couplet semble partir dans une tout autre direction musicale... avant de retomber sur le refrain miraculeusement !
Et les paroles ? Quand un Suisse parle d'économie ("Hail to the economy"), ne croyez pas qu'il s'économise lui-même ! C'est plutôt pour déplorer un monde où "economy" rime surtout avec "slavery". Un brûlot glacial.
Tout cela est sombre. Clairement. Il y a du rêve, il y a du chagrin, il y a de l'amour, il y a de la mort... Et beaucoup plus que tout ça.
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Ne comportant que 8 pistes, l'album est un peu court (33 minutes). Il a de la longueur quand même :
– Dans les 5 minutes de "Cold war", dont le 3e couplet, qu'il entonne de sa voix grave, me transperce à chaque fois.
– Dans les syllabes finales qui duuuuurent, et dont j'aime bien les s qui arrivent loin derrière, discrètement, juste pour fermer les vers ("Tell me when you're empty", "Fade").
– Dans l'alternance entre le peu de notes et le trop de notes, en arpèges éloquents, parfois comme une roue désaxée ("Popsong"). -
Tell me when you're empty
Meteors hurting the earth
Cold war -
Robert my robot
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La phrase
« Let the butterflies rule your tummy » ("Cold war")
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luiwww.lordkesseli.com (171 Clics)
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…Et maintenant, écoutez !
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Créé le6 octobre 2021
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