Manu - L'horizon
Vaste horizon
On reprend l'histoire où elle s'était arrêtée avec La vérité en 2015. Entre-temps, l'ex-chanteuse du groupe Dolly s'était fait un petit plaisir annexe en reprenant d'anciens titres en version harpe et violoncelle (Entre deux eaux, 2018). Remarquons au passage que la très bonne chanson éponyme "Entre deux eaux" a suivi le chemin inverse en ayant droit maintenant à sa version électrique. Si Emmanuelle Monet, dite Manu, revient en terrain familier avec L'horizon, elle a gardé de l'expérience le goût de la diversité. Elle s'est enrichie aussi de sa période japonaise, et se met maintenant à l'espéranto ("Lia progreso").
Faisons un tour d'Horizon.
La surprise vient d'une combinaison électro et musique type jeux vidéos ("Play", "Kid", "76 points") qui rappelle l'univers de Prodigy, le gros son en moins. Mais ce n'est que passager, puisqu'on trouve aussi par exemple une section rythmique basse-batterie singeant les vieux Cure ("Tout est parfait").
Ce qui pèche un peu – et c'est regrettable – c'est le travail du son, de la production, qui manque d'envergure et de puissance. Notamment sur les titres bien rock (les meilleurs à mon avis), là où il devrait y avoir la grosse patate. J'ai beau monter le volume, je n'arrive qu'à faire vibrer les vitres de la bagnole. Et c'est peut-être là finalement que l'absence de Nikko Bonnière (guitariste-producteur de Dolly et des débuts de Manu solo) est la plus préjudiciable.
Peu de texte, ce sont plus des mots évocateurs que des histoires construites. Le chant n'a d'ailleurs pas une place dominante par rapport aux instruments, et la voix est le plus souvent passée au travers d'un filtre d'effet. Mais pas d'Auto-Tune, rassurez-vous !
Alors que beaucoup de chanteurs utilisent régulièrement des "Lalala", Manu elle en fait carrément le titre d'une chanson, dans laquelle elle invite le rappeur Yaz à s'exprimer sur un fond rock lourd.
L'ensemble est rock donc, mais intègre aussi beaucoup de programmation et donne souvent dans l'expérimental (farfelue "Sonate").
Enfin, pour ceux qui voudraient que ne durent que les "Moments doux", on a justement un morceau dont c'est le titre. Et il y a aussi le doux-amer "À partir" (« Je compte les jours à partir du jour où tu m'as oubliée »).
À partir de là, on est prêt à poursuivre l'histoire, la belle histoire de Manu. Dans 2 ans, dans 5 ans ou dans 10 ans.
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Un album d'une heure ça devient très rare de nos jours. Il faut sacrément aimer Manu pour aimer l'album d'un bout à l'autre !
Une particularité de L'horizon est d'avoir intercalé des petites plages de transition. Je dénombre 7 de ces virgules, qui durent de quelques secondes ("Intro") à 1:45 ("Kiara song"), et qui sonnent un peu comme une bande originale de film. Avec des cigales... comme William Z Villain tiens ! De petites, et parfois jolies, respirations entre des morceaux plus pesants.
Mais à la réécoute la démarcation n'est pas si nette, car certains morceaux de plus de 2 minutes peuvent aussi passer pour des transitions juste un peu plus développées ("Nino"), et certaines pistes-chansons contiennent elles-mêmes une transition à l'intérieur, soit au début, soit à la fin (comme le final d'orgue très Doors sur "Entre deux eaux"). Voire au milieu ! (C'est un break, dans ce cas.) -
Mordre la poussière
M'aime pas en rêve
Regarde -
76 points
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La phrase
« Mais qu'est-ce qu'on peut dire dans une chanson » ("L'horizon")
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elle
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…Et maintenant, écoutez !
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Créé le26 octobre 2019
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