Marie-Flore - Braquage
Entre tes bras cage
Je me suis laissé séduire. Bluffé. Un peu malgré moi, j'admets, parce qu'a priori ce n'est pas vraiment mon style de musique. Mais les a priori sont faits pour être dépassés non ?
En fait, ce Braquage est aussi 'borderline' et aussi addictif que la série Braquo.
Au premier abord, on pourrait y voir une ressemblance avec Angèle, avec Clara Luciani (voix grave) ou avec Hoshi. Les trucs du moment quoi. Influencés à la fois par les grosses productions dance ou or-haine-bi américaines, et par les nouveaux maîtres du rap français. Il y a pourtant autre chose chez Marie-Flore, lorsque l'on rentre dedans. Peut-être une touche de Christophe et de "I'm not in love" ("Cambre").
Et partout ce chant qui finasse et ces intonations désinvoltes qui vous plantent un couteau dans le cœur.
Ses morceaux pop bourrés de tchacapoum tubesque ("Tout ou rien", "M'en veux pas", "Partie remise") sont bien bons et bien maîtrisés. Ça bouge et c'est cool. Ils ne constituent pourtant pas la majeure partie de l'album, où un certain vague à l'âme vanessaparadisiaque domine, sur fond d'amours toxiques et absolues (illustrées par des « alarme incendie » et « automatique arrosage »).
Les premiers mots de l'album sont « Faut que ça cesse » et les derniers « Ou que tu es juste abruti ». C'est assez révélateur. Entre les deux, les textes sont acides, souvent sexuels ("QCC" c'est pour "Que Ça Cesse" ou plus charadement "cul cessé" ?) Le parler-jeune est assumé, leste, mais sans aller jusqu'aux immondices de certains rappeurs à la mode. On y trouve au contraire finesse, références artistiques (Klein, Caravage), métaphores sportives, dérision, jeux de mots et recherche acharnée de la rime, qu'elle soit en -age, en -aille, en -ise ou en -ar. « Eh les mecs j'ai plus de rime en -ar », disaient les Inconnus : cette mésaventure ne risque pas d'arriver à notre brune à frange !
Se dégage de l'entreprise un charme vénéneux et subversif (mais non disruptif) qui nous entraîne "sur la pente" des montagnes russes de ses sentiments. Attention, ça secoue. Bref, pourquoi tourner autour du pot ? Je me suis laissé séduire. Et vous ?
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Le développement musical à la fin de "Sur la pente" est intense, mais trop court. Je l'imagine plus long en live, où elle laisserait ses musiciens jouer et partirait reprendre son souffle – et ses esprits – en coulisses, avant de revenir pour un rappel.
Car évidemment j'attends plus d'un concert, une espèce d'extension de ce disque dont les chansons durent systématiquement entre 3 et 4 minutes, parfaitement calibrées. (Trop ?) -
M'en veux pas
Tout ou rien
Sur la pente -
Bleu velours
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La phrase
« Au pire ça ne pourrait qu'empirer » ("Derrick")
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ellewww.marie-flore.com (622 Clics)
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…Et maintenant, écoutez !
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Créé le28 décembre 2019
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