I am Stramgram - Tentacles
Piques épiques et électrocardiogramme
Son nom d'artiste est un jeu de mots franglais. Rien que ça déjà, ça veut dire beaucoup. Le nom de l'album, lui, est anglais, mais presque français, à un U près. (Tiens, c'est comme pour 'vehicle'.)
Juste à la lecture de sa bio, je pensais bien que j'allais aimer. L'écoute de l'album me l'a amplement confirmé.
Avec les deux premiers morceaux, excellents et très différents l'un de l'autre, on rentre très vite dans une bonne ambiance Radiohead (on lorgne respectivement sur "Climbing up the walls" et sur "Idioteque"). Tant que ça reste une inspiration et non un plagiat, ça me va parfaitement.
On calme le jeu et le rythme avec le 3e, "Serra's snake", mais pas l'intérêt puisque – outre la participation du Prince Miiaou aux chœurs – le mélange de français (couplets) et d'anglais (refrain) apporte une curiosité et corrobore sa personnalité. Il faut voir aussi ses vidéos champêtres et le graphisme de son site (voir lien à la rubrique « C'est lui » plus bas). Ses GIFs animés m'enchantent évidemment.
Ensuite c'est beaucoup plus dilué. Planqué sous des brumes lentes à base de claviers, violon, cuivres, ou sous des choeurs pénétrants ("Camilla", "Saut de ligne"), il conserve cependant tout son sens de la mélodie. Petit coucou ici à Cascadeur ou à Sage, voire à Damon Albarn.
L'attrait – et le rock, à grands coups de guitares saturées crunchy – reviennent avec "Eaten alive"... malgré cet irritant son électro en boucle qui entache toute la deuxième moitié du morceau. Néanmoins un titre bien puissant qui emporte facilement l'adhésion.
Le message universel de Vincent Jouffroy s'exprime généralement en anglais - avec un accent français (ce sera facilement corrigé) - mais sa langue maternelle réapparaît ici ou là, le temps d'une ligne ou deux, comme une surprise ("Saut de ligne"). On dresse l'oreille. On questionne le sens, les sens. Y aurait-il quelque philosophie là-dessous ?
Le Bordelais multiplie les références artistiques et littéraires : John Fante, Steve Tesich, Richard Serra... au risque de devenir un peu hermétique parfois.
Basse, guitares, batterie, claviers, il joue de tout, mais fait aussi appel à des amis plus spécialistes, selon le besoin. Sur l'ensemble, la guitare est surtout acoustique. La voix est propre, plutôt aiguë, sur une musique régulièrement 'salie' par un grain (comme dans le très lent "Empty house"). Une alliance qui donne du réalisme, et qui définit un style. Je me remémore alors l'Allemand Norman Palm, autre bidouilleur folk solitaire attachant dont le nom d'artiste, même en cherchant bien, n'est pas un jeu de mots franglais, lui.
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Si l'utilisation de la longueur est bonne sur "Underwater tank", décrivant bien un scénario catastrophe où les humains se retrouveraient dans une sorte de bunker sous l'eau, elle est plus discutable sur plusieurs morceaux où ça se répète sans rien apporter, une fois le texte énoncé. Le plus ennuyeux exemple étant le final soporifique de "Safes".
L'album en lui-même est court (9 titres, 37 minutes). Heureusement on a droit à 3 bonus numériques un peu plus folk ("Cities" notamment), où Tom McRae n'est alors plus très loin. Ces titres permettent de prolonger le tête-à-tête avec cet artiste qui vaut le détour. -
Underwater tank
Nothing but the time you waste
Eaten alive -
Safes
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La phrase
« Ajuste les scènes dans tous les sens, elles n’ont de sens que celui qu’on leur donne » ("Saut de ligne")
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luiiamstramgram.com (250 Clics)
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…Et maintenant, écoutez !
- iamstramgram.bandcamp.com/album/tentacles (195 Clics)
- www.deezer.com/fr/album/55027332 (198 Clics)
- open.spotify.com/album/7HNXqjM7vJwbKhYOfZhUWP (156 Clics)
- www.youtube.com/watch?v=z6NJjkLBQIY&list=PLiVOe-7Rxujtssz11YX1WX64PZ1X085Ur (158 Clics)
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TagsTentacles | I am Stramgram | Norman Palm | Damon Albarn | Sage | Cascadeur | Le Prince Miiaou | Vincent Jouffroy | Radiohead | folk
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Créé le21 mars 2018
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