Yann Pierre - Chansonneur

Yann Pierre et moi, c'est de la vieille histoire. Je l'ai découvert au hasard d'un concert de Volo. Il assurait la première partie seul, avec sa guitare et son œil goguenard. "Le pâté de sirène", "La corde", "Les glandeurs", "Arrête ton char", "L'usine derrière chez moi"... Autant de perles qui ont instantanément fait mouche et déclenché l'hilarité, au point d'en éclipser la tête d'affiche !
Depuis lors, je ne compte plus les fois où je suis retourné le voir jouer, dans des endroits plus improbables les uns que les autres, attentif à son évolution et à ses nouvelles compositions. J'ai même contaminé bon nombre d'amis.

Le monsieur étant prolifique, Chansonneur est son n^ième album autoproduit. Vous vous rendez compte ? n albums déjà ! (À ce stade, les plus sagaces d'entre vous doivent se dire que j'ai écrit n en comptant le remplacer plus tard par le nombre exact, mais que je n'ai pas pris le temps de le vérifier. Eh bien c'est tout à fait cela. Reste maintenant à fermer une parenthèse qui n'a que trop duré.)

Une fois encore, Yann a bien astiqué sa verve (l'expression est de lui), avec son humour caustique, parfois leste. Cet héritier de Boby Lapointe, de Brassens, de Jean Yanne ou de Desproges épingle avec sa gouaille tous les travers actuels de notre société. Il est en cela finalement assez proche de Frédéric Fromet, ma fiche précédente.
On trouvera pêle-mêle sur son tableau de chasse : l'écologie ("CO2", "Plastique"), le nationalisme ("Le blues du connard de souche", dont je vous conseille aussi la version rock et son clip rigolo), le flamenco commercial (l'imparable "Le premier qui fait olé"), les religions ("Dieu est humour", "Les athées pratiquants").
Mais il sait également se muer en raconteur d'histoires (« Y a pas besoin de paraboles pour faire un clin d'œil aux étoiles », ou "Éléonore"), se parant pour l'occasion d'arrangements plus doux et bien jolis.

Après son album précédent Fume dans les ouatères, le retour à la guitare acoustique, et à un style plus chanson que rock, permet de mettre en valeur ses textes. C'est son point fort évident. Pour autant, on aurait tort de ne pas remarquer que cet amuseur génial est également un guitariste émérite, très à l'aise sur le manche – y compris en TGV (tempo à grande vitesse). Il faut le voir pour le croire. Moi en tout cas, j'y retournerai. La vieille histoire se poursuit.