Philip Selway - Strange dance

Qui l'eût cru ? C'est le batteur de Radiohead qui sort un album bien plus mélodique que tous les projets parallèles de ses comparses !
Et il n'en est même pas à ses premières armes, puisqu'il s'agit de son 3^e album solo dejà. Grand fan du quintette d'Oxford jusqu'à The king of limbs non compris (à tous les sens du terme), j'avais été attiré par son 1^er, essentiellement à la faveur du bon single "By some miracle", mais sans aller plus loin.

Qu'en est-il de ce cru 2023 ? Dès les premières secondes le ton est donné. Piano. Mode mineur. Petits craquements tacatacatac. Roulement de timbale. « Don't believe what they say » ("Little things") On comprend immédiatement que ça va être plus 'strange' que 'dance'.
Arrivent les arrangements étoffés, orchestraux, quasi symphoniques. Ce sera de cette classe tout le long.

Je vois une certaine ressemblance avec Jonathan Bree, le dandy masqué néo-zélandais... sauf que Philip n'a pas une voix de crooner. Il chante avec une belle voix claire, feutrée et enveloppée à la fois. Et c'est très bien comme ça. J'ai constaté que l'auteur-compositeur d'une chanson était bien souvent le meilleur choix pour la défendre en tant qu'interprète.

Laissez-vous surprendre par celui qui a délaissé (partiellement) les baguettes, en cours de route, au profit du piano et de la basse, parfois de la guitare. Vous trouverez quasiment du Robert Plant (ah les accords ouverts de "Make it go away"), un peu d'expérimentation douce façon James ("Salt air").
Et tenez, prenez un titre comme "The other side". Pas formidable à première vue hein ? et même un candidat pour ma rubrique "Je zappe". Sauf que. Je me suis surpris à avoir le refrain en tête. Superbe mélodie ! Qu'on pourrait approcher des airs les plus exaltés d'Alphaville. Et c'est loin d'être un cas isolé dans cet album.

Finalement, il y a là-dedans plus de Bowie (par ex dans "Picking up pieces") que de Radiohead. Qui l'eût cru ? Cru 2023, vous dis-je, un bon cru.